ENTRÉE LIBRE
/ ENTRADA LIBRE Magazine
d’enseignement du français par la télévision Lima, Mai 1987 ©jean-paul
desgoutte pour TV Peru
Canal 7 Librement inspiré de la méthode homonyme conçue
par l’INRP (CLE international, 1983), ce magazine a été produit
par Canal 7, TV Peru à l’initiative du
service culturel de l’ambassade de France à Lima et diffusé à plusieurs
reprises sur la chaîne nationale publique. Sa réalisation a été
confiée à Jean-Paul Desgoutte, linguiste, cinéaste documentariste, assisté de
Marc Boisson, volontaire du service national. ENTRADA LIBRE, TV PERU, rassemble trente
programmes de 24 minutes. Chaque numéro du magazine est construit
autour d’un sketch original
dont le vocabulaire exploite progressivement les mille mots et expressions
les plus fréquents de la langue française. L’utilisation
raisonnée du sous titrage et de l’arrêt sur image favorise l’intelligence
et la mémorisation des sketches. Une rubrique grammaticale attire l’attention
du spectateur sur un problème d’apprentissage de la langue et l'incite
à chercher dans un manuel d’appoint les explications complémentaires. Des rubriques culturelles, interviews, reportages d’archives ou d’actualité et documents divers, complètent le dispositif. Une adaptation ad hoc de l’œuvre d’Eugène Ionesco « Exercices de prononciation française pour étudiants américains » ponctue l’ensemble, chaque cinquième numéro. SKETCH N° 1 "ON V VA Dans un jardin public un homme est assis sur
un banc. Il lit un journal puis il plie son journal, regarde sa
montre et dit : – Je suis à l'heure. Il fait beau. C'est un grand jour ! Il se lève, sort de sa poche une pièce de monnaie : Oui, c'est un grand jour. J'ai un franc. C'est une bonne chose
! Il parcourt le jardin, regarde les fleurs,
respire et poursuit : Il y a un petit moment déjà que je suis là. Qu’est-ce que je dis ? Qu'est-ce que je fais
ici ? Oui, non, oui ?Alors, venez ! Venez, monsieur ! Venez, madame ! Venez, les enfants
! Non ? On ne peut pas ? On ne veut pas ? On ne sait pas ? Eh bien, c'est le moment d'apprendre ! 0n y va ? Lexique
2. Les auxiliaires être et avoir SKETCH N° 2 UN HOMME ET UNE FEMME Même décor que précédemment. Le même personnage
est assis sur le banc. Il s'adresse à la caméra : – Vous voulez connaître le français ? Vous voulez comprendre le français ? Allons-y ! Je connais une histoire. C'est une vieille histoire. C'est l'histoire d'un homme et d'une femme… II siffle la musique du film de Lelouch. Apparaît
une femme qui traverse le jardin. Ah, une femme ! Qui est-elle ? Elle passe, elle s'en va de ce côté. La femme sort par la droite et rentre par la
gauche. Tiens, une autre ! Non, c'est la même. Elle vient par ici. La femme s'assied sur le banc. L'homme s’adresse
à elle : Vous avez l'heure ? La femme : – Non, monsieur, je n'ai pas l'heure, L'homme, en aparté. – Elle est gentille. La femme, en aparté. – Il est sympathique. L'homme : – Il fait beau ! La femme : – Oui, ce matin, il
fait beau ! L'homme : – Il fait même très
beau ! La femme : – Enfin, il fait meilleur
que l'autre jour ! L’homme : – Oui, je trouve qu'il fait meilleur que l'autre jour ! L'homme : – Nous sommes seuls. La femme : – Oui, nous sommes
seuls. L'homme : – Enfin, nous sommes
deux pour le moment ! La femme : – Mais c'est l'heure
du travail, je crois, L'homme : – Un bonbon ? La femme : – Merci. L'homme : – Prenez-en deux ou
trois. La femme : – Je dois partir. Je
mets une heure pour aller chez moi. L'homme : – Ce n'est pas rien
! La femme : – Non, ce n'est pas
rien. C'est beaucoup ! L'homme : – Vous venez souvent
ici ? La femme : – Le lundi et le mercredi, à cinq heures et demie. Lexique
3. Rubrique grammaticale 2.
Les articles SKETCH N° 3 IL ETAIT UNE FOIS… Le même jardin. L'homme, assis sur le banc
lit un livre. Entre la femme. L’homme : – Voici mon amie
! La femme : – Bonjour, cher
monsieur. Ça fait longtemps
que vous êtes là ? L'homme : – Mais oui, je regarde les gens, les petits et les grands, les hommes, les femmes et les enfants… La femme : – Je peux m'asseoir
? L’homme : – Bien sûr ! Je viens de lire une histoire étrange. La femme : – Ah bon ? L'homme : – C'est l'histoire
d'un type qui rencontre une fille. Il lui dit : "Bonjour, mademoiselle !
Vous avez l'heure ?" La femme : – Elle lui répond : "Non, monsieur, je n'ai pas l'heure". L'homme : – Exactement ! La femme : – Je la connais
déjà. L'homme : – Puis il lui dit
: "Voulez-vous dîner avec moi ce soir ?". La femme : – Et elle lui répond : "Non, je n'ai pas faim…" L'homme : – Pas du tout ! Elle lui dit : "Oui, avec plaisir, où allons-nous ?" On se dit tu ? La femme : – Si vous voulez
! L'homme : – Non, si tu veux
! La femme : – Oui, je veux bien, Lexique
Rubrique grammaticale 1. CONJUGAISON « Je regarde » 2. Les voyelles nasales SKETCH N° 4 LE GRAND RESTAURANT Une salle de restaurant l'homme et la femme
entrent et regardent à droite è gauche. L’homme : – Il n'y a personne
? La femme : – On s'assied ? L'homme : – Où ? La femme : – Là ! L'homme tendant la carte à la femme : – Qu'est-ce que
tu prends ? La femme : – Pour commencer,
une salade ! L'homme : – Moi aussi. Il appelle le garçon : – Garçon ! Personne ne se présente. – Attends, je vais
le chercher. L'homme disparaît puis réapparaît avec une
serviette blanche sur le bras. L'homme : – Bonjour, m'sieurs-dames
! Qu'est-ce que vous prenez ? La femme : – Regardez : ça
et ça ! L 'homme : – Qu'est-ce que
vous buvez ? L'homme s'assied et répond : – De l'eau. Ne perdez
pas de temps ! J'ai un rendez-vous à cinq heures. L'homme se lève : – De l'eau ! Comment
pouvez-vous être aussi avare ? L'homme s'assied : – Je n'ai pas été
payé ce mois-ci. La femme, riant : – Alors pourquoi
votre invitation ? L'homme : – Pour parler, d'ailleurs,
on se dit tu. La femme : – En voilà assez,
je rentre chez moi ! L'homme : – Non, reste ! Ecoute,
j'ai encore quatre cents francs. La femme : – Et votre rendez-vous
? L'homme : – C’est moins important que toi. J'ai lu dans le journal qu’il y avait un beau film. On y va ? La femme : – Peut-être : comment
s'appelle-t-il ? L'homme : – "Le Grand
Restaurant". Lexique
2. L’interrogation SKETCH N° 5 POUR ETUDIANTS AMERICAINS d’Eugène
IONESCO 1ère partie La scène est vide. Un rideau de tulle blanc
partage le plateau en deux. La salle est allumée. Entre par le fond
de la salle un Homme en habit et chaussures vernies. Il monte sur
un praticable contre le mur gauche devant la scène. La salle s’éteint.
Lumière sur l’Homme en habit. L’HOMME
EN HABIT (il s’adresse au
public). Bonjour Messieurs ; bonjour Mesdemoiselles. Vous ne
répondez pas ? On ne répond pas. Pourquoi ne répondez-vous
pas ? Répondez donc ! Oh, il est trop tôt ! Vous ne me
demandez pas d’où je viens ? Je suis allé au théâtre. (Lumière
sur la scène. Il monte sur la scène et se place au milieu de celle-ci,
face au public. Il enchaîne.) Je me trouvais dans une grande
salle avec des fauteuils rouges, à l’orchestre. Des deux côtés de
la salle, j’ai vu des baignoires. Au-dessus, j’ai vu les balcons,
le poulailler, plus haut encore, au milieu du plafond, il y avait
un lustre énorme qui éclairait la salle, j’ai déposé mon pardessus
au vestiaire, j’ai traversé un couloir circulaire, enfin, conduit
par l’ouvreuse, je suis arrivé à ma place. Sur la scène il n’y avait
rien. Pas de décors, pas d’acteurs, rien. On a frappé les trois
coups, très fort, il a fait nuit dans la salle. On a frappé encore
trois coups, très forts. Le lustre n’a pas résisté. Il est tombé
du plafond sur les têtes des spectateurs qui étaient derrière moi.
Heureusement, les fauteuils ont pris feu. Alors j’ai pu voir clair.
C’était très joli. Il y avait des flammes partout, beaucoup de cadavres.
Les pompiers sont arrivés. Ils nous ont fait prendre des douches.
J’ai beaucoup applaudi. Le lendemain, à la place du théâtre, il
y avait un peu de cendre. Noir. Il sort. Lumière sur la scène.
SKETCH N° 6 EN VOITURE Marc et Nadine sont installés dans une voiture
décapotable. Ils portent des lunettes de soleil. – Elle est agréable, ma voiture, n'est-ce pas ? Nadine – Oui, et tu es adroit lorsque tu conduis. Se penchant vers le tableau de bord : « Je
peux toucher ? ». – Quoi ? Nadine : – La radio. Marc – Oui. Nadine branche la radio, puis fouillant dans
le fourre-tout. – C'est à toi ces
lunettes ? – Oui. Nadine : – Je peux les essayer
? Marc : – Oui, pousse un
peu ton genou, s'il te plaît. Nadine : – Eh bien, mon chauffeur
n'est pas gai. Marc : – Si, moi aussi
j’ai envie de rire mais je dois regarder la route. Bruit d'explosion dans le moteur, la voiture
s'arrête. Nadine : – C'est curieux.
Il n'y a plus d'essence ? Marc agacé : – Si, il y a de
l'essence. Le réservoir est plein. Nadine : – Tu crois que c'est
dangereux ? Marc rassurant : – Ne t'inquiète pas. Je m’en occupe. Je vais jeter un œil sous le capot. Il descend, ouvre le capot, puis : – Je vais voir sous le moteur. Nadine sifflote, retire ses lunettes puis déclare : – La prochaine fois que je vais au cinéma je prends ma bicyclette. Lexique
3. Rubrique grammaticale SKETCH N° 7 TRAFIC Une rue déserte, un arbre, un arrêt de bus.
Les mêmes près de la voiture en panne. Nadine : – Qu'est-ce qu'on
fait ? Marc : – On laisse la voiture et on prend le premier autobus qui passe. Nadine : – J'espère qu'on
réussira à voir le film. Marc : – Vite ! Allons au coin de l'avenue. Ils s'approchent rapidement de l'arrêt de bus.
Nadine : – On est bien placé. Marc : – Oui, c'est l'arrêt du bus. Nadine : – C'est combien
le ticket ? Marc : – C'est cinquante
soles. J’ai ce qu'il faut Il faut tendre le bras pour que le bus
s'arrête. II tend le bras. Nadine : – Attention !
Ne te penche pas trop… Bruits de moteurs. Passent successivement sans
s’arrêter une auto, une moto, un camion. Marc : – Une auto… Nadine : – Une moto… Marc : – Un camion… Les deux ensemble
: – Mais pas de bus. Nadine s'assied près de l’arrêt. Marc : – Au fait, aujourd’hui
c’est dimanche… Nadine : – Oui et alors ? Marc : – Le dernier bus est déjà passé. Nadine : – Tout à l’heure, tu étais sûr qu’on trouverait un bus. Marc : – Je reconnais que
j’avais tort. Je n’ai plus l’habitude du bus. Nadine se lève et fait mine de s’en aller. – Bonsoir ! Marc : – Où vas-tu ? Nadine : – Je vais voir « le
dernier métro ». C’est un fil.m qui passe à côté de chez moi. Lexique
Rubrique grammaticale 1.
Les graphèmes /G/ et /J/ 2. Les pronoms personnels SKETCH N° 8 ATTENTION ÉCOLE Une classe d’école. Un tableau noir, une fenêtre.
Des pupitres, des chaises, une estrade. La
maître écrit une équation au tableau. Les élèves jouent. Le maître
: – Arrêtez de vous
battre ou je vais me mettre en colère. Nadine : – C'est pas moi,
m'sieur, c'est de sa faute ! Le maître : – Taisez-vous !
Levez-vous ! Montrez--moi votre cahier. C’est mauvais, c’est faux !
Pourtant l’exercice est facile. Je vais vous donner un exemple. Le maître se dirige vers le tableau pour écrire
une nouvelle équation. Bruit de chaise qui se renverse. Le maître : – Encore !
Ramassez cette chaise. Mais qu'est-ce que vous avez aujourd’hui
? Marc : – Il fait soleil,
c'est bientôt les vacances. Le maître : – Dites à votre
camarade de se réveiller et de s’intéresser à la leçon C'est malheureux
d'avoir des élèves aussi difficiles. Pourtant vous n'êtes pas méchants…
Vous êtes intelligents, même. Oui, mademoiselle, parlez ! Martine : – C'est-à-dire
que… voilà… on aimerait vous poser une question. Le maître : – Oui, parlez ! Martine : – M'sieur, pourquoi
vous nous faites des mathématiques ? Le maître : – Ben quoi ? Martine : – M'sieur, on a
cours de français ! Le maître regarde son agenda et s'en va vexé.
-
Les graphèmes /C/ et /S/ SKETCH N° 9 LE BALLON ROUGE Même décor que précédemment. Le maître : – Vous ne connaissez
pas votre leçon… Ma parole vous faites du tourisme ! Nadine : – Il faut que je vous explique, m’sieur ! J’ai failli avoir un accident. Un enfant qui jouait dans la rue a lancé un ballon sur le trottoir au moment où… Un ballon rouge traverse la salle. Le maître : – Ça va ! Retournez
à votre place ! Est-ce que quelqu’un veut venir au tableau ? Allons
du courage, ce n’est pas si terrible ! Monsieur… rappelez-moi
votre nom ! Marc : – Boisson. Le maître : – Votre prénom ? Marc : – Marc. Le maître : – Votre âge ? Marc : – Vingt-quatre ans. Le maître : – Il me semble vous avoir déjà vu quelque part ? Marc : – Oui, m'sieur,
à TV Pérou. Le maître – C'est amusant !
Vous connaissez votre texte ? Marc : – A peu près. Le maître : – Voyons voir… Marc : – Euh… Le maître : – Allons dépêchez-vous ! Marc : – C'est bête je
ne sais plus ! Le maître : – Allons, tous ensemble ! Un, deux, trois, nous irons au bois…quatre, cinq, six… cueillir des cerises… sept, huit, neuf, j’ai trouvé un œuf…dix, onze, douze qui vient de Toulouse… Lexique
–
L’imparfait et le passé composé SKETCH N° 10 POUR ETUDIANTS AMERICAINS d’Eugène
IONESCO 2ème partie Entre par la coulisse jardin une très jeune
fille en jean rose et un tee-shirt à manches longues et à rayures
roses et blanches. Elle est chaussée de tennis roses. Elle tient
une chaise. Elle s’avance timidement, sa chaise en avant, la pose
à côté de l’autre et s’assoit gauchement dessus. L’Homme
en habit debout, derrière les 2 chaises, la fait se lever de dessus
sa chaise et la fait asseoir sur l’autre chaise. L’HOMME EN HABIT (annonce). Imparfait et passé composé. Récit. Il sort avec la chaise restée vide. La jeune
fille se lève, fait une révérence au public, se rassoit et commence. LA JEUNE FILLE EN ROSE. Quand j’étais petite j’avais déjà treize ans, j’ai quitté mon lit, je me suis habillée, je suis sortie de ma chambre, j’ai descendu les escaliers, j’ai pris la route, je suis arrivée à la gare, je suis montée dans le train, je suis allée à la campagne. J’ai dit au contrôleur des chemins de fer qui était venu poinçonner mon billet : Monsieur le contrôleur qui êtes venu contrôler mon billet – que j’ai acheté au guichet de la gare et qu’un employé a bien voulu me donner en échange d’un petit peu d’argent que j’ai sorti de ma poche et que j’ai déposé devant lui et qu’il a pris – monsieur le contrôleur, j’ai quitté mon lit, ai-je dit, je me suis habillée, je suis sortie de ma chambre, j’ai descendu les escaliers, j’ai pris le chemin de la gare pour aller à la campagne. Il m’a demandé si j’avais pris mon petit déjeuner. Je lui ai dit oui. Le contrôleur m’a cru, il m’a rendu le billet et il m’a répondu : « Je savais que vous avez voulu faire un voyage. Tous les voyageurs, enfants ou adultes, que j’ai vus dans ce train, voulaient voyager. Je les observais, je les regardais. Les uns, en montant, sifflaient, d’autres soufflaient, puis réussissaient à monter dans le train, ils cherchaient une place, ils s’asseyaient, ils regardaient par la fenêtre, ils voyaient les champs qui avaient l’air de filer sous leurs yeux, ils regardaient les vaches qui les regardaient. » Et pendant que le contrôleur, fatigué, s’asseyait près de la fenêtre, regardait, puis s’endormait, moi, je suis sortie sur la pointe des pieds, j’ai sauté pendant que le train continuait de rouler et j’ai pris un autre train qui m’a ramenée jusqu’à la porte de la maison. Je
me suis bien amusée en pensant combien je m’amusais pendant ce voyage... Elle se lève. Elle fait une révérence. Elle
sort en courant.
SKETCH N° 11 LE BON PLAN Un plan de métro à la sortie d'une bouche.
Entrée de Marc qui consulte le plan Puis Nadine s'approche. Marc : – Pardonnez-moi, il me semble vous reconnaître. Nadine : – Je ne me rappelle
pas vous avoir rencontré. Marc : – Il arrive qu'on
se trompe. Nadine : – Mais c'est rare. Marc montre le bouquet de fleurs qu'il tient
à la main : – Je suis invité
chez mon chef. J'ai acheté des fleurs pour sa femme. Nadine : – Vous voulez lui
plaire ? Marc : – A qui ? Nadine : – A la femme de
votre chef ? Marc : – Je suis un homme honnête, mon naturel est tranquille. Nadine : –… mais un peu faible
parfois ? Marc : – Non, je suis solide. Nadine : – Je ne sais pas
me servir d'un plan. Marc : – Promettez-moi
de ne le répéter à personne, moi non plus ! Nadine : – Nous sommes perdus ! Marc : – Ca va s'arranger, Si j'osais… Nadine : – Osez ! Marc : – J'ai envie d'aller
au bord de la mer, dimanche. Nadine : – C'est une idée
intéressante pour un homme tranquille et parfois triste. Marc : – Accompagnez-moi ! Nadine : – Vous êtes bien
rapide. Marc : –… mais tranquille,
honnête… Nadine : –…et parfois triste. J’ai trouvé mon chemin, bonsoir ! Lexique
– Le futur SKETCH N° 12 COURRIER DU CŒUR Marc et Nadine sont assis à la terrasse d'un
café. Ils lisent l'un et l'autre une revue. Nadine : – Ecoute ça ! "Ses lèvres sont douces comme le miel, sa peau, couleur de l'ombre et de la nuit, m'émeut ; je l'aime, je pleure, je veux le garder, que faire ? Donnez-moi un conseil !" Marc : – Etonnant ! Nadine : – Il paraît qu’il
y a des gens qui répondent. Tu te rends compte ? Quelle histoire !
C’est presque un feuilleton… Marc : – Etonnant, écoute :
« Aveugle, pauvre et laid, cherche personne sensible pour adoucir
son destin. » C'est drôle, non ? Nadine : – Non, pas du tout
; ce n'est pas drôle, c'est triste. Ils posent leurs journaux et boivent en se
regardant pensifs. Puis Marc fait semblant de lire : – Et celle-là !
Blond, vingt-cinq ans, ni riche, ni pauvre offre son coeur à une
jeune fille sincère… Nadine : – Celle-là, tu l’as
inventée… Lexique
–
Les adjectifs démonstratifs SKETCH N° 13 VENDREDI 13 Nadine habillée en voyante un fichu sur la
tête est assise devant une boule de cristal.
Des rideaux rouges, peu de lumière. Entre Marc : – Aujourd'hui, c'est
vendredi 13. Nadine : – Et alors ? Vous
voulez gagner au jeu ? Marc : – Non au contraire,
j'ai peur du vendredi 13. Nadine se concentre sur la boule. – Vous, vous êtes
étranger ! Marc : – C'est juste ! Nadine : – Dans votre ville,
il y a des arbres ! Marc : – C'est possible. Nadine : – Il y a aussi du
vent. Marc : – C'est très profond
! Nadine : – Déshabillez-vous ! Marc : – Comment ? Nadine : – Vous voulez que
je vous aide ? Marc : – C'est vraiment
nécessaire ? Il retire sa veste. Nadine : – Je dois vous connaître
en long et en large pour prévenir le danger Avancez, reculez !
Baissez-vous ! Tournez-vous ! Suivez mon doigt du regard...
J'écarte de vous les forces négatives. Elles se concentrent dans
ma boule. Marc : – Quelle belle machine
! Nadine : – N'est-ce pas ! Marc : – Et maintenant
? Nadine : – C'est fini. Tout
ira mieux. Marc se rhabillant : – Sans vous, le
monde serait petit ! Nadine : – Au revoir ! In
petto : le vendredi 13, je gagne beaucoup d'argent… Lexique
3. Rubrique grammaticale –
Les adjectifs possessifs SKETCH N° 14 APPARTEMENT A LOUER Terrasse de café, Marc et Nadine lisent le
journal. Marc : – En me promenant,
j'ai trouvé un appartement à louer. Nadine : – C'est loin ? Marc : – C'est vers la
gare en face de la cathédrale. Nadine : – Tu m'y emmènes
? Marc : – Tout de suite
? Nadine : – D'accord, allons-y ! Devant la maison. Marc : – D'extérieur, c'est
pas mal ! Nadine : – C'est neuf, voyons
l'intérieur. Marc : – Une casserole,
un chapeau. Nadine : – C’est sale, essuie la chaise avant de t'asseoir. Marc : – Oui, ça mériterait d'être nettoyé. Nadine : – Ce n'est plus
habité depuis longtemps. Il faudrait un chat, un chien et des plantes
vertes. La cuisine est grande. Ce serait agréable de vivre ici. Marc : – Il y a quelque
chose qui ne me plaît pas… Nadine : – Tu te plains toujours.
C'est quoi ? Marc montrant une pancarte qu'il vient de découvrir : – Cet appartement
n'est pas à louer, il est à vendre ! Lexique
Rubrique grammaticale –
La négation SKETCH N° 15 EXERCICES DE CONVERSATION ET DE DICTION FRANÇAISES POUR ETUDIANTS AMERICAINS d’Eugène
IONESCO 3ème partie Entrant, chacune d’un côté, deux jeunes femmes
maquillées en blanc et noir et habillées de jeans noirs et de tee-shirts
à manches longues rayés blancs et noirs. Elles sont chaussées de
tennis blanches. Elles se mettent de chaque côté de la chaise. L’Homme en habit sort chercher une deuxième chaise et la pose
à côté de la première. Il fait un signe aux jeunes femmes. Elles
s’assoient. L’Homme en habit annonce. L’HOMME EN HABIT. Le futur ! Il sort. LA JEUNE FEMME 1. Bonjour Madame. LA JEUNE FEMME 2. Bonjour Mademoiselle, que désirez-vous ?... LA JEUNE FEMME 1. Je voudrais m’acheter un visage, avec tous les accessoires indispensables. LA JEUNE FEMME 2. Pour quand vous le faudra-t-il ? LA JEUNE FEMME 1. Je voudrais l’avoir demain. LA JEUNE FEMME 2. C’est un peu court. Je vais faire de mon mieux. Voulez-vous un nez ? LA JEUNE FEMME 1. Qu’en ferai-je ? A quoi me servira-t-il ? LA JEUNE FEMME 2. Il vous servira à vous moucher. LA JEUNE FEMME 1. Je ne pourrai donc pas me moucher sans nez ? (La Jeune femme 2 fait non avec la tête.) Alors vous m’en préparerez deux, un nez en trompette, un autre en colimaçon avec escalier. LA JEUNE FEMME 2. Je vais vous préparer aussi des yeux. LA JEUNE FEMME 1. Combien ? LA JEUNE FEMME 2. Il vous en faudra au moins deux. LA JEUNE FEMME 1. Croyez-vous que je vais en avoir vraiment besoin ? LA JEUNE FEMME 2. Ils vous seront nécessaires pour cligner, c’est-à-dire, vous en fermerez un, pendant que vous sourirez de l’autre. LA JEUNE FEMME 1. Je me contenterai d’un seul œil, ainsi je ne vais pas le confondre avec l’autre. LA JEUNE FEMME 2. Si vous en perdez un, il ne vous en restera plus. Je vous en préparerai deux, tout de même, pour demain. LA JEUNE FEMME 1. Serai-je belle ainsi ? LA JEUNE FEMME 2. Vous serez très belle. Mais vous aurez aussi une bouche. LA JEUNE FEMME 1. Une.bouche ? A quoi pourra-t-elle m’être utile ? JEUNE FEMME 2. Elle vous sera utile si vous savez vous en servir. Avec la bouche vous parlerez, vous embrasserez, vous respirerez, vous mâcherez, vous casserez vos dents, vous écrirez, vous boucherez les trous. JEUNE FEMME 1. Je saurai faire tout cela ? Donnez-moi plusieurs bouches, une bouche qui mangera, une bouche qui embrassera, une bouche qui mâchera, une bouche qui bouchera. JEUNE FEMME 2. Où les mettrez-vous ? Vous n’aurez pas de place sur le visage. JEUNE FEMME 1. Mon visage sera-t-il si petit que cela ? JEUNE FEMME 2. Oui, mademoiselle. Une seule bouche vous suffira, car ce sera la bonne bouche que vous aurez. Quand vous aurez besoin d’une seconde bouche, vous irez la trouver chez le boucher. JEUNE FEMME 1. Quand j’aurai ce visage, est-ce que je vais pouvoir me marier ? JEUNE FEMME 2. Pas encore. Il vous faudra aussi un front, un menton, simple ou double pour mentir à votre mari et deux oreilles, pour dormir. Lexique
N. B. La démarche grammaticale s’inspire de LA PAROLE DE L’AUTRE, par ALLAIN-DUPRE, CATANI, DESGOUTTE, DONEUX, éd. HACHETTE 1977. |